LA FEMME
Elle dit que c'était un homme,
un dieu peut-être, les dieux étant parfois des hommes.
Venu d'où, ici ? Qui sait, est-ce important,
puisque cela n'explique pas pourquoi,
pourquoi chez elle, sans dire combien de temps
il peut rester encore, un homme
comme d'autres, que seul entoure
un souffle léger, odeur de santal
et de vin éventé, sans plus aucune
couleur cette clarté, la présomption
de la lumière qui enlace et laisse sans appui
et pénétra comme un éclair dans un fleuve
longtemps immobile qui jaillit, se jette en cataractes
et plonge sous tous les hommes, que maintenant
ne la blesse aucun regard, ni ne déchire son sommeil
où reste l'étreinte encore, le mélange
le cygne la colombe baisers de feu
et puis le sommeil, elle dit qu'alors il se leva
frôla sa peau, du bout des doigts ses cheveux
et partit comme il était venu, noir dans la pierre
Traduit de l'allemand par Rüdiger Fischer, publié dans la revue " Diérèse ", Hiver 2002
Des portes
donnent
sur des riens
le compte
ne donne
rien, ni
le seuil
sous lequel pourrait
s'ouvrir
l'anti-bouche
d'une porte
qui reste invisible
et oscille aveugle
devant une pièce unique
où n'entre personne
Plus grand
que ta question
comme réponse
le silence
plus fort, plus cassant
et plutôt continu
dans ton instant
l'écho reflété
dans une peau glumée
un silence
inaudible invisible
impossible ä ignorer
qui se transforme
en une seule question.
* * *
Au col de Borgo
peu avant l'heure zéro
sans défense envahi
par des pressentiments
les bêtes de la nuit
sont plus inoffensives qu'elle
et ce n'est pas la nuit
le vrai danger
bras des noyés
conjurant l'eau
qui ne cessait de monter
et s'abattit sur eux
les croix des barrières
comme les barrières en croix
et l'évasion mène
vers le calvaire
les lumières ne sont visibles ici
que pour quelques heures, elles attirent
vers des déserts de feu, vers une chute
et une trace de sang
Extrait de «Une fraudeuse fait fortune» (Munich 1997), traduit de l'allemand par Rüdiger Fischer, publié dans la revue «Saraswati», 3, automne 2001
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